et tout à la fois par prudence et pour ne pas dégrader On ny voyait plus ; le temps était froid, et un lourd brouillard, estompant les façades des maisons, puait dans lair. Frédéric le humait avec délices ; car il sentait à travers la ouate du vêtement la forme de son bras ; et sa main, prise dans un gant chamois à deux boutons, sa petite main quil aurait voulu couvrir de baisers, sappuyait sur sa manche. À cause du pavé glissant, ils oscillaient un peu ; il lui semblait quils étaient tous les deux comme bercés par le vent, au milieu dun nuage. Il pâlit de colère. Elle regarda la femme qui laccompagnait. Les adversaires étaient lun devant lautre, leurs témoins de chaque côté. Il cria le signal : Il y a des passions tournoyantes et ensoleillées. Il ny a pas de plus grand amour. La troupe de ligne avait disparu et les municipaux restaient seuls à défendre le poste. Un flot dintrépides se rua sur le perron ; ils sabattirent, dautres survinrent ; et la porte, ébranlée sous des coups de barre de fer, retentissait ; les municipaux ne cédaient pas. Mais une calèche bourrée de foin, et qui brûlait comme une torche géante, fut traînée contre les murs. On apporta vite des fagots, de la paille, un baril desprit-de-vin. Le feu monta le long des pierres ; lédifice se mit à fumer partout comme un solfatare ; et de larges flammes, au sommet, entre les balustres de la terrasse, séchappaient avec un bruit strident. Le premier étage du Palais-Royal sétait peuplé de gardes nationaux. De toutes les fenêtres de la place, on tirait ; les balles sifflaient ; leau de la fontaine crevée se mêlait avec le sang, faisait des flaques par terre ; on glissait dans la boue sur des vêtements, des shakos, des armes ; Frédéric sentit sous son pied quelque chose de mou ; cétait la main dun sergent en capote grise, couché la face dans le ruisseau. Des bandes nouvelles de peuple arrivaient toujours, poussant les combattants sur le poste. La fusillade devenait plus pressée. Les marchands de vins étaient ouverts ; on allait de temps à autre y fumer une pipe, boire une chope, puis on retournait se battre. Un chien perdu hurlait. Cela faisait rire. Souvient aussi dune remarque intrigante de Rosanette, pensée de sa vie tout entière lui est plutôt pénible. Les hommes comme Frédéric Et, à force de répéter : Citoyens, ayant obtenu un peu de silence, il appuya sur la tribune ses deux mains rouges, pareilles à des moignons, se porta le corps en avant, et, clignant des yeux : la voit seule; elle ne lest pas, le passage précédent décrit Toutes vos poupées, qui avaient des noms de reines ou de marquises, que sont-elles devenues? Question 13 Qui annonce à madame Arnoux que Frédéric va se marier? maladie intelligence médiocre, cœur hardi. Affamé de justice, un peu Frédéric le regarda ; avec sa pauvre redingote, ses lunettes dépolies et sa figure blême, lavocat lui parut un tel cuistre, quil ne put empêcher sur ses lèvres un sourire dédaigneux. Deslauriers laperçut, et rougit. Si Frédéric ne fait quun demi-pas dans chacune de ces voies, tel nest pas le cas de ses différents compagnons de route qui, chacun à leur manière, illustrent ce quaurait pu être Frédéric sil nen avait pas été empêché par cet amour impossible. Il entama le chapitre des aventures sentimentales. Elle plaignait les désastres de la passion, mais était révoltée par les turpitudes hypocrites ; et cette droiture desprit se rapportait si bien à la beauté régulière de son visage, quelle semblait en dépendre. Mais remarquez que cest la cristallisation dun homme qui a de limagination Dans le scénario initial du roman, on voit que le personnage qui deviendra plus tard Frédéric est dénommé Fritz ; selon de Biasi, il sappelle pour le moment Fr. Ou Fritz, ce qui, sous la plume de Flaubert, est un équivalent de Frédéric ; Carnets de travail, op. Cit, n. 39, p 286. Dussardier lui rend visite et propose à Frédéric de rendre visite à Deslauriers. Ils se réconcilient et Frédéric lui raconte les nouvelles, puis lui parle de la proposition demploi quil a reçu. Connaissant par Dussardier les récriminations de Pellerin sur son compte, il imagina de lui commander le portrait de la Maréchale, un portrait grandeur nature, qui exigerait beaucoup de séances ; il nen manquerait pas une seule ; linexactitude habituelle de lartiste faciliterait les tête-à-tête. Il engagea donc Rosanette à se faire peindre, pour offrir son visage à son cher Arnoux. Elle accepta, car elle se voyait au milieu du Grand Salon, à la place dhonneur, avec une foule devant elle, et les journaux en parleraient, ce qui la lancerait tout à coup. Recueil de dix nouvelles. Le lecteur sort grisé de cette suite daventures pleine doriginalité, écrite dune main experte, avec beaucoup dimagination et dhumour. .
Flaubert Rencontre Mme Arnoux
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- Post published:October 6, 2020
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